Trop de féminisme tue le féminisme?
Trop de féminisme tue le féminisme?
Le féminisme ou autrement dit «le mouvement de libération des femmes» est l’un des phénomènes du monde contemporain. Il s’agit d’un ensemble d’idées politiques, philosophiques et sociales qui visent à établir les droits des femmes dans la sphère publique et privée et qui lutte contre toute sorte de tyrannie qui pourrait être menée contre les femmes. Il prend son origine au XVIIe siècle, le Siècle des Lumières, en Angleterre et en France. L’une des premières femmes qui ont commencé à réclamer l’égalité entre les deux sexes était une Anglaise Mary Wollstonecraft qui a publié en 1792 un ouvrage intitulé «La Défense du droit des femmes» et une Française, Olympe de Gouges qui publie de son côté, presque une année plus tôt, «La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne». Ces premières pionnières du féminisme revendiquaient avant tout l’accès des femmes à l’éducation, l’amélioration des conditions de travail, l’instauration de divorce ou le droit de vote pour les femmes. En Bohème, le féminisme a commencé à s’imposer presque un siècle plus tard – au XIXe siècle. C’étaient surtout les écrivaines comme Božena Němcová, Karolína Světlá ou Eliška Krásnohorská qui prennaient conscience de la condition problématique des femmes dans la société, ainsi que de l’insuffisance de leur éducation. En bref, comme on le voit, en Europe, le féminisme a une position très forte. Mais la question qui s’insinue après: est-ce que trop de féminisme peut tuer le féminisme? C’est-à-dire de détruire ce qui essentiel dans ce mouvement, quant à ses valeurs et ses acquis.
Certains sont de tel avis que le féminisme militant peut supprimer le côté féminin des femmes et ainsi leur empêcher de s’épanouir pleinement dans les relations sexuelles et familiales. Il est vrai que le féminisme peut irriter les hommes car il les met constamment dans la position des ennemis ou des prédateurs des femmes. De plus, certaines femmes peuvent se sentir tellement en position de force qu’elles deviennent pratiquement des menaces et les hommes, à leur tour, peuvent se sentir en danger en entrant en rapport avec ce genre de femmes. Donc le féminisme, malgré ses acquis, peut effectivement devenir une attitude néfaste qui prive les femmes de leurs qualités féminines pour lesquelles elles sont appréciées par les hommes. Prenons l’exemple des féministes américaines qui ont une réputation d’être très radicales. Elles sont capables de lancer des procès juridiques très
absurdes afin d’affirmer mieux leur position dans la société. Elles empêchent les hommes d’exprimer n’importe quel intérêt que ces derniers pourraient avoir pour elles. Il semble qu’elles se sentent menacées par la simple présence des hommes dans la société. Aujourd’hui, on peut donc entendre l’opinion que le féminisme au XXIe siècle est un anachronisme.
Si l’on compare le féminisme en France et en République tchèque, il est évident que le féminisme en France a une tradition beaucoup plus forte. Si l’on songe à des écrivaines comme Simone de Beauvoir ou des femmes politiques comme la candidate aux présidentielles en 2007 Ségolène Royal, les femmes en France ont plus de courage d’exprimer ce qu’elles veulent et comment elles le veulent. En République tchèque, la situation est un peu différente. En apparence, les femmes ont tous les droits dans la société commençant par le droit de vote et finissant par la possibilité de demander un divorce ou n’importe qu’elle autre procédure juridique. Elles peuvent travailler, poursuivre les études, voyager. Elles sont beaucoup plus libres qu’avant. Néanmoins, une certaine partie de la société qui reste encore traditionnelle dans sa façon de penser demande que la femme se conforme au modèle traditionnel de famille, c’est-à-dire qu’elle se consacre à ses rôles traditionnels d’épouse et de mère. Ces gens peuvent, effectivement, considérer le féminisme comme un mal qui nuit à la structure traditionnelle de la société. Ce n’est pas la condition de femme qui fait l’objet de critique, mais son choix. Ce sujet a été, d’ailleurs, souvent traité dans l’oeuvre de plusieurs documentaristes tchèques comme Helena Třeštíková ou Olga Sommerová. Cette dernière a réussi à publier un livre qui a donné naissance à un film documentaire – O čem sní ženy (1999)1. Le film est une mosaïque d’entretiens avec plusieurs femmes qui parlent des idées qu’elles se faisaient sur la vie et ce que la vie leur a vraiment apporté. Donc si aujourd’hui, on voit le féminisme comme un mouvement de libération de femmes, trop de féminisme peut effectivement tuer le féminisme en ayant un impact négatif sur la société.